Random(2005,2014)

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Installation numérique générative et aléatoire, 2014
Création in-situ pour le festival Arts et Avatars : Regards sur les Arts Numériques
Avec le soutien du Metaxu, L’épicerie des possibles
Et la participation éclairante de Lucile Haute
Théâtre Liberté, Toulon.

Depuis sa création, l’image numérique s’est développée de manière exponentielle grâce à la démocratisation des ordinateurs personnels, des outils informatiques de création et d’internet. Face à ces nouvelles possibilité de transformer les données analogiques en séquences binaires, sans pertes par la machine, l’écran a du troquer son tube cathodique à électrons fluorescents contre des matrices de pixels aux formes aujourd’hui omniprésentes : ordinateurs, smartphones, tablettes, cinémas, téléviseurs, etc. Elles sont à l’origine d’une quantité infinie de flux de photos et de vidéos qui envahissent le regard, à tel point que sa source – la led – est devenue le support de l’éclairage le plus répandu. L’image numérique est donc un flux, une production incessante, banalisée, tant et si bien que le regard ne s’y attarde plus vraiment : habitué à rencontrer cette image partout et tout le temps, l’œil s’est désensibilisé, lassé, comme on s’ennuie de n’importe quel produit consommé à outrance. Jadis rare et sublime, l’image tend aujourd’hui vers la saturation. L’œil n’est plus moteur de rien, et le spectateur n’a même plus à s’interroger. Quelle est la place pour le frisson, la contemplation, le transissement, le temps devant une image ? l’émotion s’est couchée face un support lénifiant : l’écran et ses multiples facettes.

Restituée de la même manière sur un téléphone ou une vidéo projection, cette image 2.0 est pourtant marquée par une caractéristique inédite : elle est lumière. chacune d’elles est supportée par des pixels lumineux, unités et condition sine qua non de son existence. Cette superimage donc, c’est une lumière qui vient taper la rétine pour impressionner tous azimuts. Sans lumière, elle n’est plus rien. C’est cette particularité de l’image numérique qui la rend si inévitable. Essayons donc de parler à l’œil plutôt qu’à la personne.

Ma démarche s’ancre dans la manière dont les gens perçoivent cette image numérique : quotidienne, lumineuse, brillante, clignotante, vibrante, et omniprésente mais ô combien éphémère et fébrile. Elle est prisonnière d’une composition bien définie, rouge, verte et bleue, entre le noir d’un vide absolue et le blanc d’une saturation quantifiée. Avec Random(2005,2014), le spectateur est invité dans les 16 777 216 de couleurs possibles entre ces extrêmes valeurs. Transitoire et aléatoire, l’installation est en réalité une version augmentée, immersive, radicalisée et sonorisée d’une collection de projets existants. Invité à explorer ces couleurs informatiques, mouvements de pixels et boucles infinies, l’œil est testé, éprouvé. Il subit illusions, persistances et autres phénomènes rétiniens liés à la perception de la lumière, fil rouge de tous les projets proposés. Cette réinstallation radicalisée est une tentative – visuelle – de réveiller un regard endormi par une image immédiate et sous-titrée, qui tend à annuler tout effort.

Par le biais de phénomènes lumineux très simples, Random(2005,2014) est l’écriture algorithmique d’images qui réactivent les yeux du spectateur. Sans légende, sans explication, cette image se présente donc comme un dispositif perceptif ouvert, à remplir par l’imagination du regardeur, et plus généralement, par un effort oublié dans l’immédiateté des images d’aujourd’hui.

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