Parler de l’image

L’image…

L’image numérique est réduite à une représentation figée de points sur l’écran. Déconnectée de toute signification, l’ordinateur ne jugeant ni n’évaluant l’image, toute représentation n’est que matérielle : l’image n’est qu’une suite de pixels représentative d’un élément existant pour nous.

C’est par la lumière que ces pixels apparaissent à l’écran. Le noir signifie qu’aucune lumière ne vient taper l’écran, le blanc signifie que les trois couleurs primaires ont saturé la zone concernée. Comme dans l’espace, le noir de l’écran est le vide, l’antimatière, tandis que le blanc est un élément saturé, en fusion, où plus rien ne peut venir s’ajouter quantitativement.

Ainsi, un écran sur lequel se dessinent toutes les images du monde, c’est l’espace en train de se construire jusqu’à une totale saturation. La question est donc combien de temps faudra-t-il afin saturer cet écran, c’est-à-dire avoir un écran totalement blanc, où plus aucun pixel supplémentaire ne pourra rajouter une valeur à l’image. En d’autres termes, combien faut-il de temps pour voir la mort de l’image sur un écran qui les parcours toutes.

Pour ce qui est de l’image réelle, il s’agit dans un premier temps est une projection mentale faisant sens face à un élément. C’est donc d’abord l’association entre une idée et un élément qui lui fait écho. L’image c’est aussi la reproduction d’un sens intentionné. Tout est image dès lors que l’on connecte la vision (concrète ou mentale) avec une idée.

L’image n’a alors plus aucune condition pixel sine qua non, bien que le pixel en fasse partie. En somme, à l’échelle humaine, l’image est infinie puisqu’elle ne peut être saturée. Comment saturer quelque chose s’il ne s’agit pas de chose. Car c’est bien là la question de nos images : elles sont avant tout une réponse mentale, intérieure. C’est un écho intérieur qui l’oppose inévitablement aux pixels : elle n’est pas découpable en éléments plus petits comme une essence de l’image. Cette essence est immatérielle.

Comment traduire cette immensité plastiquement : un miroir ? une fenêtre ? un cerveau disséqué ? La manière, pour le moment, la plus probante, c’est le vide : C’est l’espace dans lequel tout projection mentale est potentielle.

L’enjeu de ce projet, c’est donc de donner à voir le vide comme image potentiellement absolue, face à un écran, c’est-à-dire le terrain de l’image en mouvement, comme réceptacle aux images pauvres, en pixels, où une mort certaine menace. Elle traduit une certaine critique que prend l’ampleur de l’image « pauvre » du sens primaire. Une pomme devient le porte-drapeau de la bonne santé, une belle montre celle de la richesse etc…

C’est perdre notre liberté de regard et d’imagination que de nous fier à cette image numérique qui ne fait que miroiter des vérités sensées devenir absolues, alors que la seule vérité de celle-ci, c’est sa mort certaine, un écran blanc.

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