Rapport #08

Pas de rapport depuis trop longtemps, je m’en excuse, mais ces dernières semaines ont été bien très remplies : deux amis sont venus me rendre visite deux semaines. Du coup, entre les projets et les sorties, le temps est passé très vite. Trop vite.

Chicago change : sans aucune transition, on passe du froid au chaud constamment. La Crown Fontain est enfin en service et arrose un Millenium Park qui est redevenu tout vert. Les pauses du midi se font sur les marches du musée, sous le soleil et en T-Shirt. Les beaux jours ne sont pas complètement revenus pour autant : pluies et vents viennent encore parfois ponctuer ce qui commence à ressembler à l’été. Outre la ville qui se réchauffe, la cohabitation à quatre se fait tout aussi chaudement.

Si l’on enlève les longs trajets jusqu’aux aéroports d’O’Hare ou Midway pour aller chercher les amis, ramener les amis, attendre les amis et cetera, c’est principalement les boutiques qui occupent le début de la semaine : Macy’s, Filene’s, Sears, TJ Max… Je découvre les joies des mini-villes à l’intérieur de ses maxi-boutiques. Touriste oblige.

Bref.

Direction The Abbey, un pub où Autechre
 vient jouer en live son nouvel album, Quaristice. L’endroit étant confiné, l’ambiance est chaleureuse et les gens proches. Du premier étage, je suis pile en face de la scène et les gens dans la fosse, souvent dans un drôle d’état… La première partie est dansante, puis expérimentale. Je retiens la performance de Graham Massey, qui jongle entre son ordinateur, sa guitare ou sa clarinette pour produire des sons “catchy” complètement fous. Chaque piste commence par une lourde boucle rythmique qu’il habille par des nappes enregistrées en live avec lesdits instruments, ou simplement sa voix. À peine a-t-il fini, que les lumières s’éteignent pour enfin accueillir Autechre, dans le noir le plus complet, et sans que personne ne les remarque. C’est donc dans la plus grande discrétion que la tête d’affiche fait son concert, dans son coin. Aucun souvenir de leur passage. Le temps d’aller chercher à boire, la performance est finie. Conclusion collective après la petite heure de concert : court et autiste.

Nous passons le reste de la soirée chez des amis habitant tout près. Ils nous interrogent sur la France, pour finalement nous montrer un extrait de la série The Flights of the Conchords, parodiant la France. Apparemment LA série du moment. Camembert, baguette et Jacques-Yves Cousteau sont au menu de cette parodie que l’on me remontrera encore et encore, au moins cinq fois les jours suivants.

Les journées et soirées suivantes se passent dans des endroits tous très différents.

Le Debonair, un Social Club à en croire le sous-titre. Alors que tout le monde se déhanche sur Britney Spears, Daft Punk, Kelly Clarkson ou de l’euro-dance un peu passée, je passe la soirée devant les vidéos jouées en boucle sur tous les murs. Portraits / The Vainitny. Complètement en décalage avec le rythme effréné de la musique, ces clips sont ralentis, quasiment à l’arrêt.

La journée suivante restera certainement comme l’une des plus étranges… Elle commencera dans les studios de la NBC pour l’enregistrement du Jerry Springer Show. Outre la curiosité, je ne sais toujours pas pourquoi j’ai accepté : l’émission en elle-même est débile… Après des files d’attentes à n’en plus finir et les moult extraits des émissions de la NBC (et ses présentateurs aux sourires ultra-bright), nous sommes sur le plateau. Autour de nous des gens qui applaudissent devant le best-of de l’émission (c’est-à-dire des gens nus et/ou des gens qui se battent). Le chauffeur de salle nous explique ensuite que nous devons réagir avec des applaudissements ou des bouh, la diffusion de l’émission dépendant de notre participation. Il finit par une blague salasse, accompagné d’un bruit de pet en direct de la régie son. Le ton est donné. Alors que je regrette déjà d’être là, Jerry Springer déboule sur scène avec un humour plus fin que son prédécesseur. Le show commence. Tout est cadré, calculé au millimètre : quand on doit rire, applaudir, huer, se lever etc… Jerry prend un ton moralisateur, alors que je ne comprends plus rien aux histoires ridicules des participants. L’émission est dans la boîte, et nous complètement abasourdis. Étonnamment hilares, nous sortons de là comme d’une blague ou d’un rêve absurde.

C’est au Green Mill que nous finissons cette journée, sur de bien plus jolies notes. Ancien QG d’Al Capone, lieu de repos de Chaplin ou Sinatra après un tournage, ce jazz-club accueille ce soir le Kimberly Gordon Ogran Trio. Sirotant des Cosmopolitans, grignotant des bretzels, nous écoutons, charmés par l’humeur et la voix de la chanteuse. Léger mais malicieux, le groupe nous emmène dans un bien joli moment avant de dire au revoir à mes amis.

Pour finir avec les sorties musicales, je suis allé voir Coleman — un camarade du cours de Peter Gena — et son groupe The Young Tuarks au Subterranean. Bien préparé par les deux (très bons) groupes précédents à du son maximal, on découvre les versions live d’un son que nous avons goûté chaque Jeudi matin en cours. Le son est très fort, comme écrasant. Les trois membres secouent frénétiquement la tête avant de finir par une cascade de son, jusqu’à l’égouttement final. La phrase de fin revient à Nick, un autre camarade : It’s so Coleman playing.

Ce mois étant décidément très musical, je profite de l’occasion pour ouvrir une petite parenthèse sur les nouveaux albums de Camille, Music Hole et Ellen Allien, Sool. Complètement envoûté par les deux, même s’ils sont très différents, je n’arrête plus de les écouter et répands par la même occasion la bonne nouvelle.

Parenthèse close.

En ce qui concerne les cours, les choses ont été bien dynamiques aussi. J’ai l’impression d’avoir vraiment démarrer mes projets. Même si le mémoire à rendre pour la mi-mai avance peu à l’écrit…

J’ai beaucoup discuté de ce mémoire avec Jon Cates. Il pense que je suis en bonne voie, mais que je dois faire attention à mon degré d’implication et la manière de dire les choses. J’espère finir à temps.

Le cours de Web Art d’Andrew Hicks s’enrichit de Javascript et de quelques notions de Flash. J’ai mis en place un petit projet, que je compte bien développer davantage, #Colors. Il s’agit d’une sorte de mosaïque monochromatique à partir d’images de couleurs recherchées sur Internet. Andrew ne demandant pas des rendus de projets Flash, je vais surtout me concentrer sur le code Javascript.

Je viens également de finir quelques carnets pour la version dessinée d’Image Babel Library. Étrangement, les images obtenues mises bout à bout me rappellent surtout des partitions graphiques, comme celle que l’on étudie avec Nic Collins.

Pour ce qui est du cours Live Performance de Nic justement, nous avons bien commencé à amener nos propres projets au sein du groupe. Les travaux proposés sont très différents. Le dernier en date, sûrement le plus original, est celui de Rob : un circuit électrique de voiture et quelques micros piezzo. Le résultat est une boucle sonore dans le premier sens du terme.

Le projet que j’ai présenté — D.E.A.F. reprend la toute première idée que j’ai eu avec Ensemble Pamplemousse : les gens jouent alors qu’ils n’entendent rien

Et je prépare lentement les derniers travaux…

En somme, beaucoup de choses… Plein de souvenirs et d’images en tête. Plein d’expériences. La fin du séjour se rapproche, alors que je me sens de plus en plus chez moi. Je prends de plus en plus de marques, découvre des gens, des lieux et scènes intéressants. Je vis exactement en ce moment même les choses que j’espérais vivre ici.

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