Rapport #02

Commençons avec un détour à Aix-en-Provence…

La semaine commence par une nouvelle moyennement agréable : l’exposition Greenwashing ne veut plus de mon projet (R,V,B). Le groupe est apparemment réticent quant à l’idée d’une installation. Argument de merde et hypocrite, si je peux me permettre. Je suis étonné, étant donné que c’est l’association elle-même qui est venue me demander un projet. On me propose alors de faire un projet plus illustratif du phénomène greenwashing, que je refuse poliment, me permettant cependant de donner un avis assez amer et pessimiste sur cette exposition qui va donc principalement se faire autour de détournements publicitaires sur affiches… C’est sûr, c’est plus illustratif…

Au moment où j’écris ces lignes Les Affluents se déroulent au Pavillon Noir, pour lesquels j’ai travaillé sur deux projets (Dreamcatcher et Shades of white). J’attends des retours avec impatience avec angoisse, n’ayant pas vu un seul de ces projets en vrai. Morgane me dit qu’elle a beaucoup aimé mais j’attends les photos et les vidéos pour me faire une idée.

Fermons la parenthèse française.

Les journées chicagoannes se font plus brumeuses, plus enneigées et pluvieuses. La pluie est parfois glacée, donnant l’impression d’être saupoudré de sel gelé par le ciel. Aujourd’hui le soleil brille fort, pour donner une jolie température de -18°C. Moins il neige, plus il fait froid. On passe continuellement du blanc au gris, les nuits étant rose foncé et sans étoiles.

Le premier cours de Nic Collins donne le ton : des artistes invités, des échanges, des workshops, et beaucoup de matériel à se procurer (où ?). Je range tout ça dans ma tête et me concentre sur le cours. Au menu, déchiffrage de Cartridge Music de John Cage. Malgré les précisions de Nic, je trouve l’orientation du cours très musical, voire instrumental. Je suis déstabilisé par les multiples casquettes demandés : fabriquer des piezzo amplifiés, imaginer comment jouer la partition… Je ne me sens pas à la hauteur et me sens étouffé par les batteries, synthés, guitares et autres instruments qui m’entourent.

Alors que je soude mon piezzo, Willy, un camarade, vient me parlerd’electro minimale berlinoise. On parle de nos favoris comme Ellen Allien, Apparat, ou Sascha Funke, puis de labels comme Kompakt ou Bpitch Control. Puis Nic, un autre camarade, vient me parler de Yelle, Grand Marnier et Sébastien Tellier. Je lui parle de Camille, Anaïs, Cocorosie et de la Tecktonik.

Le cours finit alors que rien n’est finalement commencé : comment va se jouer cette partition ? Qui va faire quoi ? La suite au prochain cours de Live Performance.

Passons au Sound Project. Peter Gena nous propose d’écouter la 6e symphonie de Glenn Branca (sous-titrée Devil Choirs at the Gates of Heaven). Il s’agit d’une symphonie avant-gardiste composée de guitares et de batteries dans une approche plus expérimentale et répétitive. Je pense à Interpol puis à Gregor Samsa. Je pense aux boucles de Steve Reich puis aux montées d’Ellen Allien dans Come. Alors que les boucles s’amplifient tout le monde tape discrètement du pied, ou secoue légèrement la tête. Le son de Branca est assez progressif nous emportant très vite dans un univers dense, où chaque nouveau son contribue à la création d’une nappe séduisante malgré la dissonance ambiante.

Un élève nous bluffe tous par des machines qu’il construit tout seul : une sorte de synthétiseurs aux sons complètement fous, avec une facilité déconcertante. Il nous explique même le procédé, mais cela sonne à mes oreilles comme une douce chanson en anglais.

Puis on parle de nos projets. Pas de réelle piste à l’horizon. Ni pour le cours de Peter Gena, ni pour le cours de Nic Collins. Je me sens aussi brumeux que le ciel de Chicago. Des vagues idées avec PureData, ou peut-être juste envie de me lâcher et faire ce que j’ai en tête, comme le font les autres élèves avec leurs guitares, batteries ou microphones. J’ai aussi envie de continuer ce que j’ai abordé avec Ensemble Pamplemousse sur de la musique sans entendre ce que l’on fait.

Être sourd pour jouer. D.E.A.F : Ré, Mi, La, Fa.

Peut-être que je pourrais transformer ça en quelque chose de plus performatif, ou proposer le projet aux autres. C’est encore trop flou.

En Web Art, les choses sont quant à elle beaucoup moins vagues. Les premiers cours sont assez simples, et me donnent envie d’aller plus vite. Je connais le langage HTML, mais j’attends surtout que l’on parle de CSS et JavaScript. Mais c’est aussi l’idée de coder sans Dreamweaver qui me séduit : coder des pages et non pas les écrire sur un logiciel qui va tout faire à ma place. Pouvoir faire un site sans utiliser Flash pour les choses simples. J’ai envie d’un code propre et simple.

Une promenade sur le lac plus tard, nous atterrissons dans un désert de neige et de glace. J’ai l’album La Marche de l’Empereur d’Emilie Simon dans la tête et m’attends à tout moment à trouver à un pingouin ou un manchot. Finalement, nous ne tomberons que sur des canards géants et des écureuils qui piochent dans des poubelles.

Nous arrivons (sans le savoir) devant le Field Museum. Un bâtiment gigantesque avec une affiche Evolvling Planet. Nous entrons. Petite pause à Corner Bakery le temps d’étudier la carte du lieu. Au menu : des dinosaures dont Sue, le plus grand T-Rex du monde, des animaux sauvages, des reliques égyptiennes, l’histoire du monde et un labo de recherche sur les fossiles sponsorisé par Mc Donald’s. Nous tombons même nez-à-nez avec une reproduction de Lucy.

Becca, une voisine, propose de visiter le centre culturel de Chicago. C’est surtout l’exposition Slightly Unbalanced qui me marque : des travaux d’artistes non seulement intéressants mais surtout des références qui me suivent et/ou me touchent depuis la première année à l’école. On trouve ainsi une installation et une vidéo de Tony Oursler, des photos de Sophie Calle, Mike Kelley ou Cindy Sherman, mais surtout Get Out of My Room, Get Out of My Head de Monsieur Bruce Nauman : une simple pièce dans laquelle on entre pour entendre Bruce Nauman lui-même nous chasser de là en chuchotant. L’impression dans la pièce est assez étonnante. On a envie de coller son oreille contre le mur pour mieux écouter cette voix qui veut nous voir partir.

L’expo Here There Everywhere me donne l’impression d’artistes qui veulent reconstruire le monde, replacer ou enlever les noms, requalifier les espaces. J’y apprends cependant la géographie des Etats-Unis, et me rend compte que le Texas à lui seul est plus grand que la France

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